Approche systémique : définition et principes fondamentaux
« Le tout est plus que la somme de ses parties ». Le postulat d’Aristote est intéressant pour comprendre ce que sont la pensée et l’approche systémique : une vision globale d’un système qui est bien plus complexe que toutes les parties qui le composent.
Que signifie l’approche systémique ?
L’approche systémique est une méthode d’analyse globale qui considère tout phénomène – biologique, social ou organisationnel – comme un système. Ce système est constitué de plusieurs éléments en interaction constante, dont les relations produisent un comportement collectif souvent différent de la simple somme de ses parties.
En d’autres termes, l’approche systémique s’intéresse moins aux éléments isolés qu’à la façon dont ils interagissent.
Cette approche est aujourd’hui largement utilisée en sociologie, en psychologie, en ingénierie, mais aussi en management et stratégie d’entreprise, pour comprendre la complexité des interactions humaines et organisationnelles.
Les 4 principes clés de la pensée systémique
L’approche systémique considère un système (ensemble de sous systèmes indépendants) comme une entité vivante, avec ses propres mécanismes de régulations et de règles de fonctionnement. On agit sur ces mécanismes pour modifier le comportement du système dans sa globalité.
On pourrait décrire le fonctionnement de l’approche systémique au travers de 4 principes fondamentaux :
- Le principe de totalité : le tout est supérieur à la somme des parties. En vulgarisant ce principe, on peut dire que 1+1=3. Comprenons ce principe, comme la capacité à produire plus de valeur collectivement qu’individuellement. Par exemple 2 personnes qui collaborent ensemble auront de meilleurs résultats que si ces 2 personnes travaillent chacune de leur côté.
- Le principe d’interaction : tout changement au sein d’un système impacte l’ensemble de ses sous systèmes. Ce principe insinue que nous ne pouvons pas ignorer un impact « isolé » sur l’échelle d’un système. Par exemple, si vous changez / modifiez le système d’informations de votre entreprise, cela impactera tous vos services, sans exception.
- Le principe d’homéostasie : ce principe repose sur le fait que chaque système est autorégulé, et qu’à chaque modification subie, il cherche à revenir à son modèle initial. À l’échelle d’une entreprise, cela se traduit souvent en une résistance au changement.
- Le principe d’équifinalité : ce principe repose sur l’adage « tous les chemins mènent à Rome ». Cela sous entend que les méthodes / outils employés peuvent être différents et pour autant que le résultat soit le même. Au niveau d’une entreprise, son environnement est par définition différent d’une autre. Son organisation sera différente, ses interactions seront complexes et uniques, et son niveau d’effort n’aura pas la même intensité.
Qui a inventé l’approche systémique ? Origines et évolutions théoriques
Il n’y a pas de réels « pères » fondateurs de la pensée systémique. Plus des courants de pensée qui se sont accumulés et qui ont construit au fur et à mesure cette approche.
Les racines théorique de la pensée systémiques
L’approche systémique résulte de plusieurs courants scientifiques du XXème siècle :
- Ferdinand de Saussure (1906-1911) introduit la notion de système en linguistique, en montrant que les mots prennent leur sens par leurs relations au sein de la langue
- Norbert Wiener (1948) fonde la cybernétique, science des systèmes autorégulés où l’information circule et s’autorégule par rétroaction (feedback)
- Ludwig von Bertalanffy (1968) formalise la Théorie Générale des Systèmes (General System Theory) qui décrit les interactions entre tous les niveaux d’organisation : biologique, technique, social ou organisationnel
Source : Approche Systémique – Wikipédia
L’approche systémique devient une discipline scientifique à part entière, capable de relier les sciences naturelles et sociales à travers d’une même logique d’interdépendance.
Du constructivisme à la systémique
Les travaux de Jean Piaget, Heinz von Foerster ou encore Paul Watzlawick (école de Palo Alto) enrichissent ensuite cette vision en introduisant la dimension constructiviste : la réalité n’est pas absolue, elle dépend de l’observateur et de son interaction avec le système.
Paul Watzlawick, dans Une logique de la communication (1972), montre que les comportements humains suivent des logiques circulaires d’action et de réaction : comprendre une situation nécessite de comprendre la boucle entière, pas une seule cause.
Enfin, Edgar Morin, avec Introduction à la pensée complexe (1990), prolonge cette approche : il plaide pour une compréhension globale, contextualisée et interdépendante des phénomènes, en refusant la simplification excessive.
Et c’est avec la combinaison de tous ces courants de pensées que nous avons commencé à opposer 2 approches : l’approche analytique et l’approche systémique.
Quelle différence entre approche analytique et approche systémique ?
Bien que l’approche systémique ne remet pas en cause les principes de l’approche analytique, la pensée systémique, notamment pour l’étude des organisations et des systèmes complexes est souvent plus pertinente.
L’approche analytique : la causalité linéaire
L’approche analytique consiste à découper un tout en parties pour en comprendre chaque composante. Cette méthode, héritée de la science classique, repose sur une causalité linéaire : une cause → un effet.
Par exemple, pour comprendre une baisse de performance commerciale, on cherche “la cause” : une mauvaise stratégie, un manque de formation, un outil inadapté. Cette approche reste pertinente, mais elle peut conduire à des diagnostics partiels, car elle ignore les interactions entre les éléments.
L’approche systémique : la causalité circulaire
À l’inverse, l’approche systémique repose sur une causalité circulaire : chaque action influence le système, qui à son tour influence les actions futures. Elle cherche à comprendre les relations, les boucles de rétroaction, et l’équilibre global plutôt que les causes isolées. Pensée systémique : interactions ↔ rétroactions.
Autrement dit : l’approche analytique explique, l’approche systémique comprend.
Comme le souligne Arlette Yatchinovsky (L’approche systémique, De Boeck Supérieur), “Il ne s’agit pas d’analyser un élément en soi, mais le système dont il fait partie et les interactions qu’il entretient.”
L’approche systémique appliquée aux organisations et au management
L’entreprise comme système vivant
Une entreprise ne se résume pas à une somme de services, c’est un système vivant composé de sous-systèmes en interaction : ressources humaines, production, finance, communication, etc. Elle est ouverte sur un environnement — marché, clients, fournisseurs, législation — avec lequel elle échange en permanence des flux d’informations et de valeurs (production d’un bien ou d’un service).
Comprendre une organisation de façon systémique, c’est :
- observer les interdépendances entre les départements,
- repérer les boucles d’influence (par exemple, entre la stratégie commerciale et la culture managériale),
- et anticiper les effets en chaîne d’un changement.
Cette approche est précieuse en conseil stratégique : elle évite d’agir sur un symptôme sans comprendre l’origine systémique du problème.
Management systémique
Le management systémique s’appuie sur la même logique : comprendre la dynamique globale d’une équipe ou d’un projet avant d’agir.
Quelques pratiques clés :
- planifier les actions en tenant compte des ressources, du temps et des interactions humaines.
- suivre les flux d’informations et adapter la stratégie en continu.
- analyser les relations humaines pour identifier les tensions ou résistances au changement.
- utiliser des outils d’observation systémiques (cartographie des processus, matrices d’interactions, reporting dynamique).
Comme le rappelle Peter Senge dans The Fifth Discipline (1990) : “On ne peut comprendre le comportement d’un élément sans comprendre le système dans lequel il s’insère.”
La gestion des relations humaines est souvent complexe et nébuleuse dans beaucoup d’organisation. Adopter une approche systémique permet de lever ce voile et de comprendre comment fonctionne les interactions humaines au sein d’un système et d’apporter des solutions managériales adaptées.
L’approche systémique adapté au consulting
Pour un cabinet de conseil, qui accompagne les transformations organisationnelles, l’approche systémique constitue un véritable levier de performance.
Elle permet de :
- identifier les causes profondes des dysfonctionnements, plutôt que leurs symptômes ;
- analyser transversalement les enjeux humains, organisationnels et technologiques ;
- anticiper les effets indirects des décisions de transformation ;
- et accompagner durablement le changement.
Cette vision holistique est au cœur de la démarche de notre cabinet de conseil System:Project : accompagner les entreprises dans leur transformation humaine et organisationnelle.